Le lundi 20 octobre 2025, une quarantaine de producteurs agricoles et forestiers de la Fédération de l’UPA de la Mauricie se sont réunis dans le cadre de leur congrès régional, qui se déroulait à Trois-Rivières.
Les délégués représentant les syndicats locaux de la région ont adopté plusieurs résolutions portant sur les grands enjeux économiques, énergétiques et environnementaux qui affectent directement les entreprises agricoles.
Projet TES Canada : protéger le territoire agricole avant tout
Le dossier de TES Canada, qui prévoit l’implantation d’un vaste projet d’éoliennes industrielles en Mauricie, demeure au cœur des préoccupations des producteurs, plus particulièrement ceux des MRC de Mékinac et des Chenaux. Devant l’ampleur du projet et ses impacts potentiels sur la mise en valeur du territoire, les élus ont formellement engagé une résolution exigeant que le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie demande qu’Hydro-Québec attribue un bloc énergétique additionnel à TES Canada, de manière à éviter la construction d’éoliennes en milieu agricole. Au passage, elle enjoint le nouveau ministre de l’Agriculture, Donald Martel, à faire des pressions en ce sens.
« L’abandon de plusieurs grands projets industriels, notamment dans la filière batterie, libère une capacité énergétique importante. Il n’y a donc aucune raison d’imposer un projet éolien en plein cœur de nos terres agricoles, alors que des mégawatts sont disponibles ailleurs. Le gouvernement doit faire preuve de cohérence dans sa planification énergétique », souligne Martin Marcouiller, président de la Fédération de l’UPA de la Mauricie.
Un appui accru et mieux ciblé au secteur agricole québécois
Trois résolutions ont également été adoptées et seront portées au palier provincial afin d’interpeller directement le gouvernement du Québec sur des enjeux jugés prioritaires par le milieu agricole.
Les producteurs demandent d’abord une hausse substantielle du financement public accordé à l’agriculture, afin que le Québec atteigne au moins la moyenne canadienne et s’aligne sur les standards internationaux. Ce réinvestissement devrait être orienté vers la protection du revenu agricole, le soutien à la relève, la recherche et l’innovation, ainsi que la transition écologique et énergétique des entreprises.
Une autre résolution appelle à rétablir l’équité dans le système québécois du marché du carbone. Les producteurs réclament qu’une part équitable des revenus générés par la tarification du carbone soit retournée au secteur agricole. En cas d’impossibilité, ils demandent le retrait complet du secteur agricole du système et le retour des redevances versées depuis 2013.
Enfin, la troisième résolution porte sur la gestion et l’entretien des cours d’eau, une responsabilité municipale lourdement encadrée par le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs. Les producteurs réclament un processus accéléré et simplifié pour la délivrance des certificats d’autorisation, ainsi qu’un allègement des exigences administratives et environnementales afin de réduire les délais et les coûts qui nuisent à la productivité et à la protection des terres agricoles.
Des enjeux criants, dénonce la deuxième vice-présidente de l’Union
Participant à l’assemblée générale annuelle, la deuxième vice-présidente générale de l’UPA, Stéphanie Levasseur, a insisté sur l’importance d’arrimer le soutien actuel aux besoins véritables du milieu.
« Les gouvernements à travers le monde consacrent en moyenne 2 % de leurs dépenses à leur agriculture, alors que les soutiens québécois et canadien ne dépassent toujours pas 1 %. Il est impératif de rectifier le tir. Investir en agriculture et en foresterie, c’est aussi miser sur des secteurs d’avenir qui permettent de créer des milliers d’emplois en région, de développer le territoire, d’innover et de nourrir durablement les consommateurs d’ici et d’ailleurs. Un appui indéfectible des gouvernements est nécessaire pour assurer le plein développement de ces secteurs stratégiques », a déclaré Mme Levasseur.
Rappelons également que la très grande majorité des productrices et producteurs souhaitent non seulement la fin de la tarification du carbone dans le secteur agricole (une situation unique au Canada), mais également le remboursement des sommes versées au Fonds d’électrification et de changements climatiques depuis 2013 (482 M$). Le gouvernement du Québec permet depuis trop longtemps la ponction de montants exorbitants dans un secteur stratégique qui n’a pas d’autres options viables.
Ajoutons que le soutien direct à la transition écologique, beaucoup moins élevé au Québec qu’aux États-Unis (toutes proportions gardées), et l’effondrement du revenu net ces dernières années (de 1,2 G$ en 2021 à 29 M$ en 2024), jumelé à une dette agricole sans précédent (32 G$ en 2024), nuisent terriblement à la pérennité du secteur ainsi qu’aux transferts à la prochaine génération.