Plan d’agriculture durable : version régionale
Le Plan d’agriculture durable (PAD) annoncé à l’automne 2020 comporte plusieurs volets, dont l’un régional. La Fédération de l’UPA de la Mauricie a déposé à la fin août un projet en deux phases.
La première fait suite à la conférence organisée par le MAPAQ en avril dernier portant sur l’implantation et l’entretien de haie agricole courte et dense. Cette conférence nous a permis de comprendre le rôle important de cette structure sur la biodiversité, en plus des effets bénéfiques déjà connus des haies brise-vent. Ainsi, nous implanterons sur la ferme Ail du rang Saint-Olivier, sur une distance de 400 mètres, une structure comme démontré par la photo ci-dessous. Cette haie n’est pas sans rappeler la végétation qui poussait de manière naturelle à travers les anciennes clôtures en broche des pâturages. Cet écosystème, en plus d’être un couloir de déplacement, donne à la faune un abri, une source de nourriture et des sites de reproduction. Cette image me rend nostalgique et fait remonter en moi des souvenirs qui, en étant gamin, m’ont permis les premières identifications des oiseaux et des insectes.
Crédit photo : Bruce Gélinas, MAPAQ
La deuxième phase est l’entretien mécanisé des haies brise-vent et des bandes riveraines arborées. Actuellement, les producteurs ont une réticence à implanter de telles structures justement parce que l’entretien est coûteux et fastidieux. Le présent projet vise à prouver le contraire et pour ce faire, nous organisons en novembre de cette année une démonstration au champ de divers outils facilitant l’entretien de ces structures. Lors de cette activité, nous porterons attention à l’aspect sécuritaire des outils, à la rapidité d’exécution ainsi qu’aux résultats des coupes. Cette activité se répétera à l’été 2023.
Un outil pour une CUMA ?
Il existe trois grands groupes d’outils mécaniques pour l’entretien des haies arborées. Les lamiers sécateurs comportent deux séries de lames qui agissement en va-et-vient, à l’image des petits outils pour la taille des haies de cèdres. Les lamiers à scies (représentés sur la photo 2) mettent en action trois ou quatre scies rondes. Ces deux outils donnent des coupes franches et nettes, mais laissent des débris grossiers au sol qui devront être ramassés. Le troisième outil est du type broyeur à fléaux.
Cet outil, comme son nom l’indique, broie les branches et laisse au sol des débris plus fins et ne nécessite pas un autre passage de la machinerie. Il a le désavantage de déchiqueter les branches au lieu de faire une coupe nette. L’outil est quand même très utilisé, car c’est sans compter sur la résiliation des végétaux aux blessures.
Pourquoi un outil pour une CUMA ? Dans les trois cas, l’achat de ces outils représente une facture entre 10 000$ et 20 000$ pour un producteur avec quelques centaines de mètres de haie, c’est beaucoup. Toutefois, l’entretien peut se faire tout au long de l’année contrairement aux autres outils saisonniers, d’où l’opportunité de la CUMA.
D’autre part, la disponibilité de ces outils peut aussi régler une source de conflit. En plus des haies et des bandes riveraines, les broyeurs/lamiers permettent de déboiser les bords de bois qui compromettent la production, par l’ombre qu’ils provoquent et la compétition pour l’eau. L’article 986 du Code civil du Québec mentionne : Le propriétaire d’un fonds exploité à des fins agricoles peut contraindre son voisin à faire abattre, le long de la ligne séparative, sur une largeur qui ne peut excéder cinq mètres, les arbres qui nuisent sérieusement à son exploitation …
Ah le Code civil. N’oubliez pas qu’une pomme qui tombe chez vous, mais qui vient de l’arbre du voisin … appartient au voisin (article 984). Ah le Code civil.
